Dark City : le film d'Alex Proyas reste un classique vertigineux (2024)

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Par Geoffrey Crété

25 octobre 2017

MAJ : 21 mai 2024

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Dark City d’Alex Proyas : toujours un très beau et passionnant classique.

Dark City : le film d'Alex Proyas reste un classique vertigineux (4)

Dark City d’Alex Proyas : toujours un très beau et passionnant classique.

AvantI, Robotavec Will Smith,Prédictionsavec Nicolas Cage etGods of Egyptavec ses machins numériques des enfers, il y avaitThe CrowetDark City : deux mémorables diamants noirs et vertigineux, qui ont marqué les années 90 et placé le réalisateurAlex Proyas parmi les grands espoirs de demain.

La réalité a depuis brisé quelques rêves, mais le souvenir de Dark City demeure.

CROC NOIR

En 1994,The Crowmarque les esprits. L’univers noir a placé le réalisateur parmi les noms à suivre. La mort accidentelle deBrandon Leesur le tournage a forgé un mythe morbide autour du film.C’était la deuxième réalisation d’Alex Proyas après Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds, une odyssée post-apocalyptique barrée et fauchée, très remarquée en 1989.Et lesuccès critique et public n’est pas passé inaperçu.

Alex Proyas est dans la situation idéale pour concrétiser un projet ambitieux un peu fou. Il décide donc de ressortir une idée développée avant The Crow, en 1990 :l’histoire d’un détective dans les années 40, qui se perd dans les méandres d’une enquête insoluble. Parce que les indices et preuves ne font pas sens, et qu’il s’approche d’un mystère qui va bien au-delà de son esprit cartésien, il dérive vers la folie. En somme, Dark City a commencé comme l’histoire deFrank Bumstead, l’inspecteur incarné parWilliam Hurtdans le film. C’est par la suite que Proyas décidera de recentrer le récit sur Murdoch, un protagoniste plus fort d’un point de vue émotionnel.

Il signe le scénario avecLem DobbsetDavid S. Goyer, dont il a lu et aimé le scriptBladeavant qu’il ne devienne un film avecWesley Snipes.

Rufus Sewell

DARK FOLIE

Quelque part entreMetropolisde Fritz Lang et un épisode de La Quatrième Dimension, comme un mix tordu entre le film noir et la science-fiction dure,Dark Cityest un cauchemar abyssal d’une force encore spectaculaire, près de vingt ans après. Le découpage, d’une précision saisissante, impose d’emblée une vision sensationnelle. Le sens du cadrage, la photographie de Dariusz Wolski que Proyas retrouve après The Crow (il est depuis devenu un collaborateur privilégié de Ridley Scott) et la musique de entêtante de Trevor Joneslibèrent en quelques minutes une véritable décharge de cinéma.

Le réveil du héros dans une salle de bain, sous une lumière vacillante, entre un cadavre et un poisson rouge, est un modèle du genre : un parfait démarrage de polar, à la fois classique et diablement excitant dans un décor et un contexte si étranges.

Jennifer Connelly

Alex Proyas mixe les références avec une passion et une générosité irrésistibles, composant un fabuleux et mémorable univers aux dimensions étourdissantes. Impossible de ne pas trembler lorsque la vérité est révélée, et que le voile se lève sur cette ville obscure. C’est d’autant plus beau et poétique qu’il illustre la position de démiurge du créateur, capable d’élever ou déplacer des montagnes (ou des immeubles) pour créer un monde au milieu du néant grâce à la force de son esprit.

Les immeubles qui se déplient comme d’effrayants monstres gonflables, les silhouettes longilignes des étranges hommes blancs, leurs cervelles qui cachent des entités venues d’ailleurs, ou même un banc près de l’eau sous un lampadaire : Alex Proyas charge chaque scène d’une somme d’images géniales et mémorables.

Il y a aussi uncasting excellent :Rufus Sewellet son regard de créature sauvage,Jennifer Connellyen beauté fragile,William Hurtimpeccable dans une partition carrée, etRichard O’Brien(que Proyas a casté après s’être inspiré de son personnage dansThe Rocky Horror Picture Show). Mais surtout unKiefer Sutherlandméconnaissable et fantastique en arrière-plan, avec sa face balafrée, son allure de petit monstre boiteux et son souffle court. Une très belle idée de casting du cinéaste, qui envisageait d’abord un acteur plus vieux, type Ben Kingsley.

Kiefer Sutherland

DOUBLE CUT

Dark City a eu un destin noir. Suite aux habituelles projections test et aux retours mitigés, lesproducteurs New Line Cinema (une filiale de Warner) et Mystery Clock Cinema ont obligé Alex Proyas à remonter le film. Avec une quinzaine de minutes en moins et une voix off bien explicative pourlivrer des clés importantes d’emblée, le résultatétait censé être plus grand public.

Erreur : il engrange environ 27,2 millions de dollars dans le monde, dont 14,3 aux Etats-Unis, alors qu’il en a coûté officiellement 27. Le succès phénoménal deTitanic, encore en tête même s’il est sorti plus d’un mois avant, n’aide pas.

En 2008, le réalisateur livre une director’s cut de 111 minutes, contre 100 pour la version sortie en salles. Il enlève sans surprise la voix off d’introduction, oùKiefer Sutherlandexpose quasiment la situation, et rajoute de nombreux dialogues en rallongeant des scènes. L’étalonnage et des effets spéciaux ont également été modifiés.

Interrogé en 2016, Alex Proyas explique qu’au fil des années, il y a eu des discussions sur des possibles suites ou adaptations en série, sans que rien ne se concrétise. Alors que le remake deThe Crowpatine depuis des années, espérons donc que Dark City reste protégé dans son armure noire et cosmique de film culte.

Rédacteurs :

Geoffrey Crété

Tout savoir sur Dark City

  • Dark City, Avengers, A history of violence... l'acteur oscarisé William Hurt est mort à 71 ans
  • Dark City va avoir le droit à sa série, d'après le réalisateur du film Alex Proyas
  • X-Men : Apocalypse n'aura pas droit à un director's cut
  • Science-fiction
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Dark City : le film d'Alex Proyas reste un classique vertigineux (24)

lt

il y a 6 années

un putain de classique excellent un univers a la metropolis avec un fond de scenario a la matrix un bon polar qui a pris tous les bons points de la sf franchement genial il en manque de ce genre de films

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Dark City : le film d'Alex Proyas reste un classique vertigineux (25)

Geoffrey Crété

il y a 6 années

@mathhatt

Cette édition n’a rien de nouveau de ce côté. La seule chose remarquable ici, c’est le steelbook édition limitée. Ce qu’il contient est une copie conforme de la précédente édition.

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Dark City : le film d'Alex Proyas reste un classique vertigineux (26)

mathhatt

il y a 6 années

Qu’en est-il de la qualité audio et vidéo par rapport aux éditions précédentes?

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Dark City : le film d'Alex Proyas reste un classique vertigineux (27)

karlito

il y a 6 années

Aucune mention sur le fait que le film est tellement «proche» (trop pour être honnête) des «Cités obscures» de Schuiten? Même le titre du film parle pour lui. Une des bédés raconte notamment une cité qui se construit autours des héros pour maintenir une illusion…

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Maided

il y a 6 années

Vu au ciné surtout attiré par l’ambiance et le fait que je suis fan de The Crow (qui est un bijou même si il ne respecte pas le comics).
Et j’ai pris une claque monumentale, Dark City reste un de mes films cultes.
Malheureusem*nt Proyas n’a jamais plus réalisé de films de ce niveau préférant céder aux sirènes du blockbuster que d’offrir des œuvres d’une réelle créativité (même si j’ai apprécié I, Robot, et Gods of Egypte).
Pour moi c’est le même syndrome que Ridley Scott qui est passé de film à l’image digne de tableaux des plus grands maitres (Legend, Blade Runner, Alien) à des choses visuellement (et scénaristiquement) très conventionnelles…dommage…

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